Stimuler sa fertilité en prenant soin de sa santé
La fertilité est la capacité biologique à concevoir. Lorsque le désir d’avoir un enfant se fait sentir, des interrogations bien légitimes émergent, notamment sur l’aptitude personnelle à procréer. De nombreux facteurs ont une incidence sur la fertilité d’une personne. Si certains paramètres ne sont pas contrôlables, d’autres en revanche peuvent l’influencer. En effet, de plus en plus d’études scientifiques permettent de mieux comprendre certains mécanismes et leur association avec de meilleures chances de conception. Alors que la prévalence de l'infertilité est croissante, optimiser certaines habitudes alimentaires et modifier des mesures d’hygiène de vie pourraient augmenter les chances de débuter une grossesse. Il faut souligner que ces bonnes pratiques peuvent avoir un impact sur la fertilité des femmes comme sur celle des hommes. Avant de prendre la décision d’arrêter la contraception, il est conseillé de consulter votre médecin traitant qui pourra vous conseiller, répondre à vos questions et vérifier certains éléments de votre santé avant la grossesse. Voyons alors comment il est possible de stimuler la fertilité en prenant soin de sa santé.
Pourquoi et comment veiller à une alimentation saine et équilibrée en période de préconception ?
Les études sur la relation entre l'alimentation et la fertilité humaine se sont multipliées au cours des dernières décennies. Les résultats de ces recherches ont permis d'identifier clairement qu’une alimentation équilibrée et saine en période de préconception améliore la fertilité autant chez la femme que chez l’homme (1). Basés sur ces résultats, certains points-clés du contenu d’une assiette favorable à la fertilité peut être décrite.
Mettre l’accent sur les bonnes graisses
L’organisme a besoin de tous les macronutriments en proportion adéquate : glucides, protides, lipides. Ces derniers sont représentés par différentes catégories appelés acides gras, dont la répartition doit respecter un équilibre nécessaire au bon fonctionnement de votre corps. Notre alimentation actuelle contient en général trop d’acides gras saturés et pas assez d’acides gras monoinsaturés et surtout polyinsaturés (les fameux omégas 3 et omégas 6). Ces derniers sont notamment essentiels pour l’appareil reproducteur et entrent dans la composition des spermatozoïdes (2).
Dans cette optique, il est par exemple important de consommer des huiles végétales riches en graisses insaturées comme l'olive, le colza et de manger des oléagineux comme les amandes, les noisettes, les noix de cajou, etc.
Veiller à une glycémie stable.
D’autres études montrent un lien entre des charges glycémiques trop élevées et des troubles de l’ovulation. Autrement dit, les pics de glycémie entraînent une production d’insuline trop importante, ce qui influe négativement sur les étapes du cycle ovulatoire. A l’inverse, il semblerait qu’une sécrétion réduite d'insuline par l’organisme induise une meilleure prévention de l'infertilité.
En pratique, afin d’éviter ces pics, vous pouvez opter pour des aliments riches en fibres ainsi que les aliments à index glycémique bas : les légumes secs, les céréales et farines complètes, ainsi que les légumes crus ou cuits. Par ailleurs, il faut limiter au maximum les confiseries et tout ce qui se rapporte au sucre blanc raffiné qui, au contraire, provoquent des charges glycémiques élevées. Mieux vaut privilégier le sucre de fleur de coco ou le sirop d’agave qui auront moins d’incidence sur votre glycémie.
Faire le plein de vitamines et d’oligoéléments
Les fruits et les légumes contiennent des quantités importantes de vitamines et d’oligoéléments. La plupart de ces micronutriments ont un rôle démontré sur la fertilité, notamment par leur action antioxydante. Ils doivent donc prendre une place centrale dans votre alimentation au quotidien. Pour s’en assurer, votre assiette doit contenir différentes couleurs, meilleur moyen de s’assurer qu’elle apporte un grande variété de vitamines.
Le zinc, très important pour la fertilité, se trouve en bonne quantité dans les pois chiches, les lentilles, le pain complet, le cacao maigre ou encore les huîtres. Le sélénium, quant à lui, est plutôt présent dans la viande rouge, les noix du Brésil, ou encore les fruits de mer.
Quel rôle jouent les micronutriments en supplémentation pour booster la fertilité ?
La prise de certains micronutriments en tant que complément a fait la preuve de son efficacité dans de nombreux cas. Mais es besoins ne sont pas toujours les mêmes chez la femme et chez l’homme.
Acide folique
C’est la plus connue des supplémentations recommandées chez la femme en période de préconception. L’acide folique (ou B9) est l’une des vitamines B essentielles à la bonne croissance du bébé à naître. De nombreuses études ont montré que l’acide folique contribue à réduire notamment le risque d’anomalies du tube neural lors de la grossesse. De même, la prise d'acide folique est associée à une fréquence plus faible d'infertilité (3).Les sources alimentaires ne suffisent pas à assurer l’apport en folate requis pour protéger contre les anomalies du tube neural. En cas de désir de grossesse, il est donc préférable de prendre le supplément au moins trois mois avant de tomber enceinte.
Myo-inositol
Le myo-inositol joue un rôle probablement essentiel dans la physiologie de la reproduction et a des effets bénéfiques sur le développement des ovocytes. D’ailleurs, le traitement par myo-inositol est désormais connu pour améliorer les protocoles de stimulation ovarienne et les résultats de la grossesse chez les femmes infertiles avec une mauvaise qualité des ovocytes (4).
Le zinc et le sélénium : 2 oligoéléments essentiels pour la fertilité
Support de nos défenses immunitaires, le sélénium participe au développement des follicules ovariens produisant les ovocytes. Présent en bonnes concentrations au niveau des ovaires, il contribue au développement d'un environnement sain pour l'oeuf. Le sélénium augmenterait en outre la motilité des spermatozoïdes (5). Pas étonnant, donc, qu’on le trouve également en concentration importante dans les testicules.
Concernant le zinc, des études relativement récentes appuient l’hypothèse d’un rôle sur la santé reproductive. Le zinc est notamment connu pour favoriser la migration de l'ovule chez la femme et participer à la qualité des spermatozoïdes chez l’homme.
Les autres vitamines du groupe B, les vitamines C et E
Le stress oxydatif peut altérer les fonctions reproductrices, particulièrement chez l’homme. Certaines vitamines et certains minéraux sont maintenant bien connus pour protéger les cellules de ce stress oxydatif, néfaste pour les cellules reproductrices en particulier. L’objectif d’une supplémentation spécifique chez l’homme réside dans la potentialisation qu’elle peut avoir sur la qualité du sperme et des spermatozoïdes, et ainsi d’augmenter les chances de conception.
Quelles habitudes de vie doit-on modifier pour favoriser la fertilité ?
La décision de concevoir un enfant constitue une bonne occasion de faire le point sur le mode de vie du couple.
Tabac
La consommation de tabac de l’un des partenaires réduit la fertilité. La cigarette est même considérée comme l’ennemi numéro 1 de la fertilité. Chez l’homme, le tabagisme réduit considérablement la qualité du sperme (6). Chez la femme, il est relié à une diminution des réserves ovariennes, à un retard de conception ainsi qu’à un risque plus élevé de fausses couches (7). Au vu de ces éléments, arrêter de fumer ou, à défaut, diminuer sa consommation devient primordial. Dans ce cadre, il ne faut pas hésiter à se faire aider et accompagner. À noter que le tabagisme passif est aussi nocif.
Surpoids et dénutrition
L’obésité, comme la dénutrition, sont associées à une augmentation des troubles de l’ovulation. L’obésité entraîne un risque d’anovulation (absence d'ovulation), ce qui compromet les tentatives de conception. Il a été montré que la perte de poids peut permettre la normalisation de certains facteurs dont l’effet conduit à rétablir la maturation normale des ovocytes et éviter dans certains cas le recours aux procédures d’aide à la procréation (8).
À l’opposé, un apport alimentaire insuffisant ou de fortes restrictions alimentaires entraînent une perte de poids corporel, un manque global de nutriments et une augmentation de l'infertilité. Il s’agit donc de se rapprocher d’un IMC (Indice de Masse Corporelle) compris entre 19.5 et 24.9.
D’autres paramètres importants
L’aspect psychologique doit aussi être pris en compte. Le stress, au sens large, impacte négativement les circuits de l’organisme et amène à des conditions moins favorables à la conception. Il est sûrement très banal de le rappeler mais une activité physique régulière et raisonnable, comporte de nombreuses vertus toutes plus propices les unes que les autres à favoriser la survenue d’une grossesse.
Cela peut sembler couler de source également mais la fréquence des rapports sexuels est importante. Avoir des relations sexuelles régulières et au bon moment du cycle constitue un prérequis indispensable pour concevoir, sans pour autant perdre en spontanéité ! Plusieurs méthodes existent pour apprendre à connaître la période d’ovulation.
En quoi les polluants environnementaux influencent-ils la fertilité ?
Plus que d’actualité, les polluants sont largement montrés du doigt pour leur impact négatif sur la fertilité. Ils ont un rôle nocif pour la santé et peuvent agir également à toutes les étapes de la procréation.
Parmi les polluants principaux, les pesticides (herbicides, fongicides et insecticides) ont une place importante dans l’agriculture. D’autres se révèlent plus insidieux car ils se cachent sournoisement dans le quotidien : ce sont les perturbateurs endocriniens. Ces substances provoquent des effets néfastes sur la santé en agissant à plusieurs niveaux sur les hormones naturelles du système endocrinien.
Les perturbateurs endocriniens ont commencé à être incriminés dans les années 1990 entre autres du fait de leur implication dans les troubles de la reproduction. Plusieurs études ont montré que la concentration spermatique a décliné au fil des dernières décennies et le retentissement sur la qualité du sperme est également prouvé (9). Une stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE) est en place en France dans le but de réduire l’exposition des populations et de l’environnement. Leur maîtrise dans notre quotidien n’est pas toujours possible, mais il est envisageable d’intervenir de manière à diminuer leur contact avec votre organisme. Par exemple, la qualité des produits doit être un objectif, en privilégiant si possible les produits bio et les circuits locaux, en épluchant tous les fruits, en regardant de près les étiquettes pour repérer la composition des denrées.
Et si la grossesse tarde à se mettre en place ?
L’infertilité se définit par l’absence de grossesse après plus de 12 mois de rapports sexuels réguliers sans contraception (10). Ce sujet, qui concerne de nombreux couples, est devenu un enjeu majeur de santé publique. En cas de difficultés à concevoir, le recours à une consultation spécialisée s’impose pour éventuellement engager un bilan plus complet de chacun des partenaires visant à rechercher une cause. Chez la femme seront recherchées les pathologies du système reproducteur (trompes, utérus, ovaires) ou du système endocrinien. Parmi les causes les plus fréquentes, le syndrome des ovaires polykystiques et l’endométriose peuvent expliquer l'infertilité (mais sont souvent déjà connus avant le désir de grossesse).
Concernant le système reproducteur masculin, les causes peuvent être obstructives ou hormonales. Parfois elles proviennent d’un défaut de production de spermatozoïdes ou d’une anomalie de leur fonction.
La fertilité dépend de nombreux facteurs dont certains peuvent être influencés favorablement par une bonne hygiène de vie et une alimentation équilibrée, pour la femme comme pour l’homme en désir d’avoir un enfant. Il est conseillé au couple de se supplémenter afin d’apporter les nutriments essentiels au bon fonctionnement de leur organisme et ainsi accroître leurs chances de procréer.
Références bibliographiques :
1. Chiu YH, Chavarro JE, Souter I. Diet and female fertility: doctor, what should I eat? Fertil Steril. 1 sept 2018;110(4):560‑9.
2. Safarinejad MR, Hosseini SY, Dadkhah F, Asgari MA. Relationship of omega-3 and omega-6 fatty acids with semen characteristics, and anti-oxidant status of seminal plasma: a comparison between fertile and infertile men. Clin Nutr Edinb Scotl. févr 2010;29(1):100‑5.
3. Wilson RD, Wilson RD, Audibert F, Brock JA, Carroll J, Cartier L, et al. Pre-conception Folic Acid and Multivitamin Supplementation for the Primary and Secondary Prevention of Neural Tube Defects and Other Folic Acid-Sensitive Congenital Anomalies. J Obstet Gynaecol Can. 1 juin 2015;37(6):534‑49.
4. Chiu TTY, Rogers MS, Law ELK, Briton-Jones CM, Cheung LP, Haines CJ. Follicular fluid and serum concentrations of myo-inositol in patients undergoing IVF: relationship with oocyte quality. Hum Reprod Oxf Engl. juin 2002;17(6):1591‑6.
5. Mintziori G, Mousiolis A, Duntas LH, Goulis DG. Evidence for a manifold role of selenium in infertility. Hormones. 1 mars 2020;19(1):55‑9.
6. Künzle R, Mueller MD, Hänggi W, Birkhäuser MH, Drescher H, Bersinger NA. Semen quality of male smokers and nonsmokers in infertile couples. Fertil Steril. 1 févr 2003;79(2):287‑91.
7. Silvestris E, Lovero D, Palmirotta R. Nutrition and Female Fertility: An Interdependent Correlation. Front Endocrinol. 2019;10:346.
8. Anderson K, Nisenblat V, Norman R. Lifestyle factors in people seeking infertility treatment – A review. Aust N Z J Obstet Gynaecol. 2010;50(1):8‑20.
9. Carlsen E, Giwercman A, Keiding N, Skakkebaek NE. Evidence for decreasing quality of semen during past 50 years. Br Med J. 12 sept 1992;305(6854):609‑13.
10. Infertilité disponible ici
Partager sur